Principes de l’analyse fondamentale et graphique en bourse (1/2)

L’analyse en bourse se décline en deux courants majeurs. L’analyse fondamentale et l’analyse graphique. Sans chercher à les comparer nous allons vous présenter les bases de chacun de ces méthodologie d’analyse à commencer par l’analyse fondamentale.

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L’objectif de l’analyse fondamentale est de trouver un moyen d’évaluer le prix le plus juste d’une société. En effet comme vous le savez sur le marché boursier le prix d’une action est déterminé par les lois de l’offre et la demande mais ce n’est pas pour autant qu’elles sont échangées à un prix reflétant la valeur réelle de l’entreprise. C’est en déterminant avec précision la valeur réel d’une entreprise et de ses parts que vous serez en mesure de réaliser de belles plus-values en bourse. Parcourons donc les différents concepts et indicateurs importants en matières d’analyse fondamentale.

Fonds propres et valeur intrinsèque

Connaître la valeur et le prix d’une chose sont deux éléments bien distincts. Il est donc intéressant de comparer la valeur d’une action à sa valeur comptable ou intrinsèque. Mais qu’est-ce que la valeur comptable ou intrinsèque ?

Fonds propres

On trouve au bilan la valeur des fonds propres. Cette dernière divisée par le nombre de titres donnera la valeur comptable par action. On peut difficilement comparer la valeur comptable par action au cours de bourse, les postes du bilan n’étant pas repris nécessairement à leur juste valeur.

Valeur intrinsèque

Elle a pour objet de corriger les postes de bilan en fonction des plus ou moins values qui s’y rapportent et ceci implique l’expertise des biens composant le patrimoine : terrain, immeuble, matériel de production, brevet, stock, différence entre cours de bourse et valeurs au bilan, etc…

La valeur d’expertise d’un bien ne correspond pas nécessairement à sa valeur d’exploitation pour l’entreprise. Une expertise comporte en général une part de subjectivité . en effet, comment valoriser la qualité du management, le savoir-faire, l’existence d’un service de recherche, la capacité bénéficiaire future, etc…

Voilà deux indicateurs à garder en temps lorsque vous souhaitez analyser la valeur d’une action en bourse.

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Price-Earning – Cash flow

Le Rapport cours/bénéfice

Cours de l’action / Bénéfices par action = P / E
Le rapport cours/bénéfices appelé aussi Price-Earnings Ratio (P/E), peut être défini comme le nombre d’années de bénéfice que l’on est prêt à payer par une action. Le P/E est souvent utilisé pour comparer les entreprises d’un même secteur. Certains réalisent même leur investissement lorsque le rapport cours/bénéfice est inférieur à «11» par exemple.

L’optique est courante mais relativement simpliste.
En effet :

  • Un P/E favorable peut cacher des résultats exceptionnels.
  • Deux P/E peuvent être équivalents, alors que leur croissance bénéficiaire est sensiblement différente.
  • Il faudrait en outre apprécier le P/E en fonction des niveaux des taux d’intérêts. car ne l’oublions pas, les placements en action sont en concurrence avec les placements sans risque (à 15% on double +/- ses avoirs en 5 ans, à 5% il faut +/- 15 ans.

Le Rapport cours/Cash flow

Cours de l’action / Cash flow par action = P / CF Il est souvent utile de dépasser le concept de bénéfice courant de façon à incorporer les dotations aux amortissements. Le cash flow est l’ensemble des recettes liquides entrées dans la société, déduction faites des dépenses (tout ce qui entre moins tout ce qui sort). On peut donc dire que le cash flow est essentiellement l’addition du bénéfice net et des amortissements.

Le P/CF nous donne une idée plus complète de la capacité d’autofinancement de la société. Pour renouveler son matériel, telle société peut prévoir un plus gros montant que telle autre. Le P/CF permet de mesurer l’avantage que la première société s’est ainsi donnée par rapport à la seconde.

Rendement / pay-out

Dividende / Cours de l’action X 100 = RENDEMENT (%)

(Ou cours de l’action = (dividende : rendement) X 100) Les sociétés appartenant à des secteurs de pointe procèdent à un autofinancement beaucoup plus important en général que les sociétés engagées dans des branches d’activités connaissant un stade de maturité plus avancé. Le niveau de ce RATIO variera en fonction des taux d’intérêts et en fonction de la confiance des investisseurs. En effet, en général au moins il aura confiance, au plus l’investisseur demandera un rendement immédiat plus élevé. Les effets de levier à l’évolution des taux d’intérêts sont très importants sur le cours d’une action.

Une action qui cote 100€ et qui aurait distribué un dividende de 5€ donne un rendement immédiat de 5%. Si l’on exige pour cette même action un rendement immédiat de 7%, on ne sera pas disposé à payer un prix supérieur à (5/7) x 100 = 71,4 €. Toutefois, il serait simpliste de comparer une valeur ayant un rendement de 6% (Action A) avec une valeur ayant un rendement de 4% (Action B) et d’en déduire que la première est plus intéressante.

Ce serait ne pas tenir compte de l’évolution future des dividendes qui pourrait par exemple être négative pour l’action A et positive pour l’action B.

Pay-out

Le pay-out est le rapport entre le dividende et le bénéfice multiplié par 100. C’est donc la partie du bénéfice distribué.

Dividende / Bénéfice X 100 = Pay-out

L’intérêt du pay-out est de nous faire découvrir si la croissance des dividendes est bien le fait de la croissance bénéficiaire. Si la croissance des dividendes reste constante, mais que la pay-out augmente d’année en année, on peut mettre en doute la qualité de cette croissance des dividendes et donc mettre aussi en doute la capacité de la société à continuer cette politique dans le futur (et inversement).

La croissance bénéficiaire

En principe, chaque société devrait être capable de réaliser des bénéfices. Si une société donnée avait toujours le même bénéfice et le même dividende . la recherche du prix à payer pour cette action relèverait du calcul du prix d’une obligation. Heureusement dans la plupart des cas, les sociétés sont souvent capables d’augmenter leur bénéfice. Le développement futur de leurs affaires dépendra souvent de leur capacité à les réinvestir en partie.

Que va rapporter ce bénéfice investi :

A) dernier bénéfice investi x rentabilité des fonds propres = bénéfice futur
B) (bénéfice par titre : par valeur comptable par titre) x 100 = rentabilité des fonds propres par titre
C) dividende futur = bénéfice futur par titre x dernier pay-out
D) croissance du dividende en % = ((dividende futur – dividende actuel) : bénéfice actuel) x 100
E) croissance du bénéfice en % = (bénéfice futur – bénéfice actuel) X 100

Pour celui qui dispose de la valeur des dividendes, des bénéfices et donc le pay-out de chaque titre, il est facile d’estimer la croissance des dividendes et des bénéfices dans le futur dans le cas où ces derniers sont relativement réguliers dans le temps. (Attention, il faut travailler sur les bénéfices et dividendes ajustés et nets de taxe). Il est à noter enfin que celui qui disposerait de la marge bénéficiaire avant impôt (quel est mon % de gain par rapport à mon chiffre d’affaires) pourrait à l’étude de l’évolution de cette marge dans le temps, se faire en outre une idée du management de la société.

Gordon Shapiro

Il est clair que la formule vue à la page précédente est relativement complexe à mettre en ouvre sans l’aide d’un outil adéquat. En pratique donc, la formule sera (sans l’aide d’un outil adéquat) simplifiée à l’extrême. La forme de simplification la plus connue est la formule de Gordon Shapiro . Elle n’est utilisable que si la croissance des dividendes est linéaire.

Vo = Do / (k – g)

Do = dernier dividende.
g = taux de croissance supposé constant des dividendes.
k = facteur d’actualisation supposé constant.

Exemple :

1°) Supposons une société qui aurait une croissance de son dividende de 7% par an et un dernier dividende de 44€ . quel serait son prix de correcte évaluation sur base d’un taux d’actualisation de 12%.

Vo = 44 / (0.12 – 0.07) = 880 €

2°) Idem pour un taux d’actualisation de 11%

Vo = 44 / (0.11 – 0.07) = 1100 €

3°) Idem pour un taux d’actualisation de 10% et une croissance de 8%

Vo = 44 / (0.10 – 0.08) = 2200 €

N.B. :

Pour faire ce calcul, il est plus correct d’utiliser pour k : taux sans risque + (prime du risque du marché x bêta du titre).

Return attendu, return exigé, Rf, Rpm

Return attendu (taux interne de rentabilité)

– Le return attendu du titre est le return qui va faire correspondre au cours de bourse l’actualisation des dividendes futurs estimés. Il doit être trouvé par itération dans la formule de base.
– Pour Gordon Shapiro, nous aurons dans notre exemple précédent :

Return attendu = (Div / Cours) +g

1°) R att = (44 / 880) + 0.07 = 12%

2°) R att = (44 / 1100) + 0.07 = 11%

3°) R att = (44 / 2200) + 0.08 = 10%

Return exigé (k, Rf, Rpm)

Lorsque nous avons calculé le return attendu de tous les titres d’un marché donné, il est facile de calculer le return du marché (il correspondra à la moyenne des returns attendus des titres pondérés en fonction de leur capitalisation boursière).

De ce return du marché, il suffira de retirer le taux sans risque pour trouver la prime de risque de ce marché.

– Le taux sans risque (Rf) est par exemple le taux d’emprunts d’Etat à 5 ans. La prime de risque (Rpm) est le supplément de return exigé par le marché pour un investissement en action.

Le return exigé d’un titre sera donc égal au taux sans risque + (prime de risque x par le bêta du titre)

k = Rf + (Rpm x bêta))

L’alpha prospectif d’un titre va nous donner une indication sur la différence entre return exigé et attendu. Il ne faut pas confondre l’alpha historique et prospectif.
L’alpha historique nous donnant une indication sur le « return » passé du titre par rapport au marché…

L’avenir de la bourse est donc déterminé par :

– Sa croissance bénéficaire (g).
– L’évolution des taux d’intérêts (k).
– L’évolution des risques du marché (Rpm).
– Sa sensibilité aux marchés (Bêta).

N.B: ces paramètres changent parfois subitement ce qui donne lieu à des grosses variations de cours.

REFLEXIONS:Une modification du g de 10% peut provoquer une fluctuation de 10% du titre.
Une variation de 1% de k peut provoquer 10% de fluctuation du marché.
1% de variation de Rpm peut provoquer 10% de variation du marché.
Une Bêta peut provoquer un « return » amplifié ou atténué par rapport au marché.
Il s’agirait donc d’anticiper des fluctuations de g à la hausse et de k à la baisse, et de Rpm à la baisse avec un Bêta élevé pour gagner dans les marchés.
Cette situation correspondrait au schéma idéal, mais faudrait-il encore que vos anticipations se réalisent comme attendues.
Evidemment une multitude d’autres combinaisons peuvent s’avérer intéressantes.

Pour lire les bases de l’analyse graphique et de l’analyse technique, on vous invite à lire la deuxième partie de notre dossier consacré aux principes de l’analyse fondamentale et graphique en bourse. Il vous ouvrir les portes de nombres d’accélérateurs à la prise de décisions et d’indicateurs techniques que vous devez connaître.

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